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    Le jeune homme regardait longuement sa cousine avec une sorte de perplexité ? Cherchait-il l’adolescente un peu trop sauvage d’autrefois en cette jeune personne raffinée et d’allure si élégante ? Elle leurs était revenue transformée en une jolie jeune femme accomplit avec un charme troublant dans cette jolie robe bleu garnie de blanc. Il était troublé par ses yeux d’un vert noisette renfermant tant de vie et de secrets en même temps. Juliette vînt troubler ses pensées toutes dédiées à Isabelle en s'écriant :

    Oh ! William, cette tour devait être mortellement triste avant qu'Isabelle ne l’arrange mieux ! Depuis sont retour, les pièces sont agréablement agencées ! La façon dont elle à disposé les meubles et les vases qui sont d'une très belle facture, apportent de la chaleur à cette vieille tour, partout ou nos yeux se posent. Il est indéniable que notre chère cousine à su redonner un peu de jeunesse à cette antique battisse !

    — Ce que tu me décris doit être à l'image de notre cousine. Elle est courageuse pour s'attaquer à ces vieux murs, et elle à assurément un goût exquis quant à ce que tu me décris. Un de ces après-midi, j'aimerai bien visiter cette tour plus en détails. Elle est en apparence si triste. Accepteriez-vous, Isabelle ? J'aimerais tant voir ou vous avez grandi ?

    —  Mais vous avez déjà un avant goût de l'endroit un j'ai vécu enfant, William ! Dit Isabelle avec un sourire. Cela ne me dérange aucunement. Nous pouvons convenir d'un jour ou vous serez un peu moins pris par vos occupations.

    Les yeux bleus marine du jeune homme considéraient la jeune comtesse avec cette expression adoucie qu’elle avait déjà remarqué lors de ses précédentes rencontres avec lui. Ils lui rappelaient le jeune William d’autrefois qui était si aimable avec elle. La découverte du mensonge chez Ludivine et sa mère, avait-elle fait comprendre à l’homme désabusé qu’il semblait être devenu, ce qu’il fallait penser des sournoises insinuations contre l’adolescente en révolte qu’elle était alors, devant tant d’hypocrisie et de méchanceté dirigées sciemment vers elle afin de la blesser. Lui-même, à cette époque, avait été abusé par leur bienveillance dissimulant bien autre chose que leur gentillesse...

    Lorsque le frère et la sœur prirent congé de la jeune comtesse, celle-ci demeura un moment debout près de la grande et haute grille d’entrée, côté château-vieux. Celle-là n'avait pas été remise en état. Peu importait aux châtelains ce côté du château...

    Intuitivement, Isabelle considérait et non sans raison, même si celles-ci ne lui sautaient pas aux yeux sur le moment, qu'il allait se passer quelque chose à Châteauroux prochainement. Elle n'était au courant de rien. Mais pourquoi la majestueuse grille qui démarquait le domaine avait-elle été remise en état, alors que celle du côté château-vieux se contentait de sa vétusté ? Tout en se posant toutes ces questions, elle remarqua, en regardant la voiture s’éloigner, que depuis ces six années ou elle avait été absente, la voiture n'avait pas changé. Elle était toujours la même et donnait décidément beaucoup de signes de fatigue. Isabelle pensait aussi qu’à Aigue-blanche, lors de ses visites, rien n’avait vraiment bougé non plus, sauf quelques tentures remplacées par nécessité. La comtesse, sa fille, André et William, semblaient vivre comme naguère. L’argent de Ludivine Il ne semblait pas être engagé dans le domaine. Isabelle s'en réjouit et se sentit le cœur léger. Il lui eut été singulièrement désagréable d'apprendre que William jouissait de la fortune de cette chipie de Ludivine, maintenant qu’elle savait qu'il ne l’avait jamais aimé. Avait-il eu un jour pour elle, quelque sentiment ? Isabelle en était là de ses réflexions, quand un léger bruit de pas sur le pavé de la cour se fit entendre. Elle se retourna et vit Antoinette qui se dirigeait vers la loge du portier. 

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    Répondant au salut de la femme de chambre, Isabelle s’avança en demandant :

    — Bonjour Antoinette. Comment va ma tante ?

    — Pas trop bien, mademoiselle. Depuis quelques temps elle est enrhumée et elle tousse. Je n'arrive cependant pas à la raisonner. Il faudrait qu'elle écoute mes conseils et qu'elle renonce à sa promenade du soir près de l’étang. C'est un endroit très humide, las-bas.

    C’est de cette façon qu’elle a pris mal l’automne dernier. Après quoi, il a bien fallu qu’elle se soigne tout l’hiver. Je ne comprends pas son attirance pour ce lieu si humide, si lugubre, et qui n’est pas du tout bon pour elle ? Il y règne une atmosphère décidément pesante, mystérieusement dangereuse. Je ne saurait dire pourquoi ce lieu me fait cet effet ? Je ne comprends vraiment pas pour quelle raison elle ne veut pas faire l’impasse sur sa promenade, et ce qui l’attire en ce lieu ?

    Isabelle se renseigna encore sur son état d'âme :

    Ne s’ennuie-t-elle pas trop ? Croyez-vous qu’elle refuserait de me recevoir ? Je plains tellement ma pauvre tante ! Le regard grave et pur d’Antoinette s’attarda un moment sur le visage reflétant la sincérité de la jeune comtesse.

    Non, elle ne le voudra certainement pas. Elle n'aime pas les visites de peur de déceler dans les yeux des visiteurs, cette pitié qu'elle ne peux supporter. Ma pauvre demoiselle est bien plus malade de l’âme que de son corps, Mlle Isabelle. Nous ne pouvons faire qu’une seule chose pour elle, c'est prier afin que dans la nuit où elle se trouve, il y ait un jour, un  rayon de lumière qui éclaire son chemin. Là s'arrêta leur conversation quand Antoinette amorça un mouvement vers la loge, puis se ravisant, elle ajouta :

    Je lui demanderais quand même si votre visite pourrait l’agréer, Mlle. On ne sait jamais ?

    Quelle paix, quelle sérénité dans le regard de cette femme toute dévouée à sa maîtresse ! A chaque rencontre avec Antoinette, Isabelle en emportait une impression d’apaisement qui lui faisait beaucoup de bien, trouvant cette sensation très surprenante ?

    Antoinette est une âme merveilleuse, lui avait dit un jour l’abbé Forges. Depuis bien des années, elle partage la sombre existence de votre tante Victoria. Peut-être connaît-elle de durs moments auprès d’elle, des jours pénibles au côté de cette malade don l'esprit est certainement très fragile. Cette misanthrope qui s’écarte farouchement de la vie d’autrui, doit beaucoup souffrir, baignée dans cette solitude malsaine ?

    Oui, une grande malade assurément ! Pensait Isabelle. Adélaïde l’avait connue après le mariage de Daphné, menant à peu près la vie de tout le monde, mais d'un caractère assez renfermé. Elle était très orgueilleuse, douée d’un esprit vif, étincelant, et d’une intelligence hors du commun. D’après ce qu’elle savait d’elle, elle était très cultivée. En fait, une femme remarquable au point de vue intellectuel. ! Elle était cependant très belle de visage, avec des yeux d’un charme étrange et envoûtant aux dires d’Adélaïde, mais malheureusement, dans un corps déformé que tout l’art des couturières ne pouvait dissimuler. C’était, en effet, très peu de temps avant la mort de sa tendre mère qu’elle avait, tout à coup, décidé de se cloîtrer dans la vieille tour où elle est encore aujourd’hui. 

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    Chapitre X

    Isabelle laissa reposer les rames, et la barque vint accoster seule au bas des marches menant au vieux pavillon qui surplombait légèrement l’étang, puis elle attacha l’embarcation à la borne rouillée réservée à cet effet. L’air chaud de la fin Juin colorait les joues de Juliette, et mettait une touche de rose sur le teint si blanc de Isabelle. Cette saine distraction qu'est la navigation en barque, emplissait les yeux des jeunes filles de gaieté. Isabelle ayant souvent canoté avec son cousin Renaud sur la rivière proche du domaine de Verte-court, avait tout de suite été satisfaite des premières leçons données à Juliette, tant elle était adroite en toutes choses. Désirant apprendre ce qu’elle savait de la navigation en barque, la jeune comtesse tenait à reproduire l’expérience du canotage avec son amie qui était toute rouge de plaisir d'avoir manié correctement les avirons.

    Vous avez de grandes dispositions ma chère Juliette, dit-elle à sa jeune amie tandis que toutes deux montaient les degrés menant au pavillon laissé à l'abandon depuis des décenniesQuand Renaud viendra à Monteuroux, il faudra lui demander des conseils, car il est un excellent rameur.

    Très intéressée par la venue de ce jeune homme qu'elle ne connaissait pas, Juliette Demanda :

    Vous ne savez pas encore à quelle époque aura lieu ce séjour ?  

    Non, il ne m’en a informé que lorsque Adélie et moi étions sur le point de partir. Il m'a simplement dit :

    — Je vous promets d’aller vous voir ce mois d'août à Monteuroux, et nous ferons ensemble de belles promenades. Je serais bien heureuse de le revoir, car il est pour moi comme un grand frère. De plus, je suis sûr, que vous allez, tous deux, vous trouver des points communs et que vous serez très vite de grands amis.

    Sur ces paroles prometteuses, les deux jeunes filles entrèrent dans le pavillon ou se trouvait une table de marbre blanc aux veines apparentes occupant le centre de la grande salle. Isabelle avait préparé ce qu’il fallait pour prendre le thé et des petits gâteaux. Quelques vieux sièges, encore une fois trouvés dans les greniers de château vieux et de château neuf, étaient groupés autour de celle-ci. Tandis qu'elle allumait le réchaud sous la bouilloire, vestige trouvé également dans un des greniers de Monteuroux, Juliette vînt s’asseoir sur l’un des sièges entourant la table. Elles étaient toutes deux vêtues d'une robes claires et fleuries. Les bras nus, souples et finement musclés de Juliette avaient vite pris une teinte légèrement dorées, ce qui les mettait en valeur. Ceux d’Isabelle étaient d’une blancheur mate. Elle avait une sensibilité accrue aux rayons d’un soleil trop fort qu’ont les jeunes filles dont la blondeur est naturelle. Il ne fallait donc pas qu’elle s’expose trop longtemps si elle ne voulait pas risquer des rougeurs sur les parties de son corps restées découvertes. Elle se promenait souvent avec une ombrelle, mais pour canoter, son léger châle de tulle blanc suffisait à la protéger. En attendant que l'eau soit assez chaude, la jeune fille surveillait le liquide tout en s'adressant à son amie :

    L’autre jour, j’ai fait des gâteaux dont vous m’aviez donné la recette, Juliette. Ils étaient très réussis, d’après Adélie. J’ai également reçu un satisfecit de Dominique dont j’avais emprunté le fourneau et les ustensiles. Isabelle se tourna en souriant vers Juliette, et celle-ci dit gaiement :

    Il ne doit pas être prodigue de compliment, ce vieux glaçon ?

    Mais qui sait ? Fit Isabelle. J'ai, peut-être, touché son vieux cœur racornit ?

    — Vous êtes si charmante Isabelle qu'il se pourrait bien qu'un miracle se soit produit à votre contact ? Toutes deux se mirent à rire de bon cœur.

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    Que cela fait du bien de rire ! Fît Juliette. Et puis vous êtes si belle Isabelle ! Vos yeux, vos beaux yeux changeants ma chérie ! Ils savent dire tant de choses... tant de choses !

    Et bien ! Cela devrait me dispenser de parler ! Dit plaisamment Isabelle avec un sourire malicieux.

    Elle vînt s’asseoir près de Juliette en face de la porte fenêtre ouverte qui donnait sur la pièce d'eau. A cette heure de l'après-midi, le soleil incendiait les collines, les basses montagnes et encore le sommet des arbres, mais il n’atteignait plus qu’une infime partie de l'étang-aux-ormes. La chaleur arrivait quand même par vagues successives dans le pavillon. Juliette s’éventait avec le petit chapeau de paille blanche qu’elle venait de retirer. Un peu lasse de l’effort accompli tout à l’heure sur l’eau, Isabelle fermait à demi les yeux. Elle se sentait calme, détendue, presque heureuse en cette fin d'après-midi. Le mois de juin avait été généreux en soleil. La chaleur était supportable, permettant ainsi aux deux jeunes amies, de faire de longues promenades dans les bois et chemins fleurit, leurs permettant de faire de très beaux bouquets de fleurs sauvages afin de faire plaisir, pour Juliette, à sa mère, et pour Isabelle, c'était le plaisir d'égayer son appartements en même temps que celui de sa marraine

    Nous étions déjà le vingt cinq Juillet, et août leurs promettaient, de nouveau, un temps propice aux promenades avec William et Arnaud dont Juliette tenait à faire connaissance s'il ne tardait pas trop à se faire désirer. Ce premiers mois de juin était passés avec une singulière rapidité. Isabelle avait beaucoup travaillé. Elle avait eu, presque chaque jour, des rapports avec tous les habitants du  manoir. Aigue-blanche respirait la sérénité et la joie de vivre. Isabelle se plaisait en la compagnie de Juliette et André, lorsque William n'était pas là. La jolie Juliette était devenue, peu à peu, une grande amie, mais une amie discrète, affectueuse, et très attentive aux changements d’expression de la jeune fille. Elle se confiait volontiers, mais ne cherchait pas à pénétrer par effraction dans l’âme encore un peu close d’Isabelle. Marie-Catherine de Rubens avait, elle aussi, beaucoup changé pendant les longues années d'absence de la jeune comtesse. Son comportement envers elle, également. Elle l'a recevait toujours avec gentillesse et se montrait bienveillante envers elle. André l’accueillait avec une franche gaieté.

    Quant à William... eh bien, William... Nul ne savait ce qu'il pensait. Cependant, Isabelle et lui s’entendaient très bien. Leurs opinions se rencontraient souvent. Tous deux de caractère indépendant, de nature réservé, difficilement pénétrable, surtout chez lui, semblaient se comprendre sans avoir à se parler. Jamais il n’y avait eu entre eux de retour vers ce passé où le jeune comte, du temps de ses fiançailles avec Ludivine, réprouvait avec tant de dédain la conduite de sa jeune cousine frondeuse et révoltée. En fait, ni lui, ni elle, n’avait prononcé le prénom de Ludivine en aucune de leur rencontre. Cependant, le couple n’étaient pas séparés légalement. Isabelle montait souvent à cheval avec lui. Elle aimait aussi le rencontrer à Aigue-blanche au cours des heures qu’elle passait près de Juliette et son frère. L'occasion avait été trop belle aussi pour faire visiter à nouveau le domaine de Monteuroux dans son entier à André qui en mourrait d'envie depuis longtemps. Château-neuf collé à château-vieux, était également un lieu de rencontre lorsque William accompagnait ou venait chercher sa sœur.

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    Isabelle s’en voulait de ressentir la même aversion pour le petit Thierry tellement semblable à sa mère. Elle s’en défendait, car c’était un enfant innocent, mais déjà, à son contact, il avait acquis les mêmes manières. Était-ce à cause de cette ressemblance que William se montrait si sévère envers cet enfant qui, cependant, était si docile en apparence ? Néanmoins, Juliette le disait sournoisement obstiné, et disposé aux mensonges comme l'était sa mère, pour ne pas, en même temps, évoquer les mensonges de sa grand-mère, avait-elle ajouté. Le calme s’éloignait d’Isabelle, cédant la place à ce malaise indéfinissable qui venait de s’insinuer en elle au seul souvenir de Ludivine. Elle ouvrit les yeux, se leva pour verser l’eau chaude qui bouillait dans la bouilloire, puis  elle versa l'eau très chaude dans la théière qu'elle avait apporté. Pendant que le thé infusait, Juliette jeta son chapeau sur une chaise et prit dans une assiette une des pâtisseries qu’elle avait tout à l’heure apporté à son amie.

    — William viendra peut-être me chercher. Il a dû aller à Rouen pour voir ce nouveau fermier dont on lui a parlé. Il paraît assez content de la marche de son exploitation, dit Juliette. Isabelle reprit sa place auprès de son amie, et s'empara d'un ouvrage de crochet qu'elle avait amené. Curieuse, la jeune fille demanda :

    Qu’est-ce ?

    Oh ! Ce n’est qu’une petite brassière. Je connais une famille de notre conté qui n’a pas beaucoup de revenu et déjà plusieurs bouches en bas âge à nourrir. Régulièrement Dominique avait ordre de leurs faire porter un grand panier de légumes et des fruits quand ce n’était pas des produits laitiers et de la viande. La maman attend un autre enfant pour la mi-septembre et peut-être octobre. J'essaie, le temps que je suis à Monteuroux, de confectionner un petit trousseau pour l’enfant à naître.

    C’est très aimable de votre part, Isabelle, que de penser à ces pauvres fermiers.

     Elle a encore un peu de temps devant elle. Certainement jusqu'à la mi-octobre, répondit la jeune comtesse. Et pour reprendre le court de leur discussion concernant William, Isabelle orienta, de nouveau, la conversation sur ce qui l’intéressait sans que Juliette ne se douta de quoi que ce soit. C’est tout naturellement qu’elle lui répondit :

    Oui, cela va beaucoup mieux depuis quatre ans. Il conduit son affaire très intelligemment, ce cher William et il ne ménage pas son temps, ni sa peine ainsi que sa volonté pour arriver à ce qu’il a décidé concernant le domaine. C’est un caractère très volontaire et lorsqu’il décide quelque chose, il est rare qu’il revienne sur la décision qu’il a prise. Il est très intuitif et se trompe rarement. S’il avait eu la même intuition concernant son mariage avec cette capricieuse Ludivine ne pensant qu'à elle, coquette et imbu d’elle-même, ayant toujours besoin de sa cour autour d’elle. Ah ! S’il avait épousé une femme telle que vous, ma chère Isabelle! Une femme aimante et capable de le seconder dans les décisions difficiles à prendre, nous n’en serions pas là aujourd’hui !

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    Juliette soupira :

    Je fais de mon mieux pour remplacer maman qui a besoin de repos. Mais si je me marie un jour... quoique, je me demande d’où viendra mon prince charmant, et s’il voudra bien m’épouser alors que je n’ai pas de dot ? Mais confions-nous dans la Sainte-Providence, n’est-ce pas, ma chère Isabelle ? Et travaillons en attendant le problématique époux.

    Isabelle, très sûre d’elle, confia à son amie sur un ton qui en disait long sur son état d’esprit :

    La dot n’est pas le plus important dans un mariage. Il faut qu’il y ait des sentiments de part et d’autre pour que cela fonctionne. Si votre prétendant a de vrais sentiments pour vous, peut lui importera votre dot ma chère Juliette. Un mariage basé sur l’intérêt n’est pas une chose que j’apprécie. Pour ma part, je préfère ne jamais me marier.

    La brièveté de cette fin de phrase étonna Juliette. Elle regarda Isabelle avec une curiosité mêlée d’amusement.

    Votre beauté, Isabelle, vous amènera forcément de nombreux prétendants ! Célibataire par vocation ? Vouée au service de l’art ? Je n’y crois pas vraiment ! Ce serait dommage, mon amie... mais, après tout, vous avez encore le temps de changer d’avis… et puis, c’est votre vie et personne n’a le droit de vous dicter votre conduite sur ce sujet.

    A l’extérieur du pavillon, on entendit un bruit de pas. Dans l'encadrement des portes vitrées laissées ouvertes, William parut.

    Ah ! Te voilà ! Dit Juliette. Tu arrives à temps pour le thé.

    Isabelle leva la tête. Son regard rencontra celui de William. Ses yeux bleu marine ne traduisaient plus cette flamme secrète qui existait entre eux depuis quelque temps. La physionomie de William semblait tendue, et sa voix avait une intonation changée tandis qu’il disait en serrant la main d’Isabelle :

    J’ai eu vite fait de m’arranger avec ce fermier. Il m’a l’air d’un brave homme.

    Juliette dut sentir aussi quelque chose d’insolite, car elle regarda son frère avec attention. Il vint s’asseoir entre les deux jeunes filles, juste au moment où Isabelle se levait pour servir à nouveau du thé. Un souffle d’air moins chaud pénétra par les battants de la porte du pavillon resté ouverts sur l’étang, rendant l’intérieur un peu plus respirable, mais les jeunes gens ne semblaient pas s’en rendre compte. William regardait l’eau d’un vert très sombre, que le soleil venait de quitté pour renaître la journée suivante. Un pli se creusait entre les sourcils du jeune comte. Un autre se formait au coin de sa bouche. Il laissa tomber quelques mots avec une sorte d’indifférence glaciale.

    J’ai rencontré tout à l’heure sur la route le télégraphiste qui m’a remis une dépêche de Ludivine. Elle annonce sa venue plus tôt que prévu.

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    Ah ! Fait remarquer Isabelle, surprise. Nous ne sommes que fin juin ? Je suis très surprise ! Même avec sa mère et mon père, elle n’est jamais venue aussi tôt ?

    La tasse qu’elle tendit à William faillit lui tomber des mains. Elle ne pouvait en contrôler le tremblement. Elle ressentait un froid intense qui venait de l'envahir jusque dans son cœur qui se mit à battre plus vite. Juliette, sans vergogne, fit une moue accentuée par la contrariété du moment et murmura :

    Vous avez raison Isabelle ! Et bien, il va nous falloir faire un effort afin de la supporter ! Voilà une bien mauvaise nouvelle ! Il ne nous reste pas grand temps pour ressentir de la tranquillité loin d'elle !

    William ne répliqua pas aux allusions de sa sœur, ce qui reflétait bien son état d’esprit.

    Et Juliette de rajouter :

     Si elle ne change pas d’avis... j’espérais avoir encore deux mois de répit et je pensais vraiment qu’elle ne viendrait que vers la mi-septembre pour ne pas avoir à rester trop longtemps à la campagne qu’elle n’apprécie pas du tout. Il est certain que nous avons une véritable aversion pour elle, mais nous nous efforçons de ne pas le montrer. Elle est si sournoise, tellement imbu d'elle-même que s'en ait indécent ! De plus, elle est tellement mielleuse quand elle s’adresse à vous, si coquette auprès de sa cour qui se doit de l’aduler afin de satisfaire son orgueil ; mais ici, elle n’a pas sa cour ! Elle ne peut que briller à Paris auprès de sa mère et de ses amis qui sont très superficiels comme elles deux... Que c'est désolant d'avoir une telle belle-sœur !

    William l’arrêta net dans ses propos diffamatoires concernant sa femme, mais néanmoins, tout à fait exacts :

    Je te prierais, dit froidement William, de te taire sur les défauts de ma femme car, enfin, elle est ma femme, même si on a l’impression que je vit seul, que la joie ne règne pas dans mon couple et le domaine lorsqu’elle vient séjourner à Aigue-blanche. Moi aussi, je ne m’attendais pas à la voir avant la mi-septembre. Il va falloir faire avec petite sœur, et se montrer courtois, même si cela ne nous convient pas. Il s’accouda à la table de marbre sur laquelle il avait posé sa tasse. Refusant du geste les pâtisseries que lui présentait sa sœur, il demeura un instant silencieux, visiblement perdu dans ses pensées. C’était un jeune homme fort ténébreux, mais là, le malaise était palpable. Juliette regardait Isabelle d’un air penaud, s’en voulant d’avoir trop parlé concernant le caractère insupportable de sa belle-sœur. Pour cacher sa gène et se donner une contenance, Isabelle, avait repris sa place et la brassière qu’elle avait abandonné quelques instants sur son siège afin de servir le thé. Ce silence ponctuel pesait tout à coup très lourd sur les trois jeunes gens. De longues minutes s'écoulèrent avant que William se mette à parler d’autres sujets, et principalement d’un ouvrage récemment parut, prêté par lui à sa cousine. Il rappela les souvenirs d’un voyage fait l’année précédente en Italie, avec un ami qui habitait Florence. Isabelle s’y trouvait à cette même époque, ayant accompagné son oncle, et sa cousine Alice.

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    Elle aussi avait visité une partie de l'Italie dont Venise et le palais des Doges. Isabelle évoqua les endroits de Venise qu'elle avait pu admirer et qui avait marqué son esprit :

    — La résidence du Doge est située du côté du canal Rio di Palazzo, celui qui enjambe le pont des soupirs où il est dit que les prisonniers étaient enfermés dans des geôles construites dans des soubassements, sous le fameux pont des soupirs. Les soupirails affleuraient carrément l'eau du canal, et l'on entendait les soupirs des agonisants qui se lamentaient. Les canaux serpentaient dans toute la ville, et en général, les immeubles bordants la lagune, ne pouvaient être habités qu'à partir du premier étage, la cause en étant la forte humidité qui rongeait le rez de chaussé de chaque demeure. 

    — J'ai visité aussi Murano ou l'on souffle et travaille le verre. C'était magnifique toutes ces  petites figurines d'animaux aux couleurs féeriques, ces vases de verre soufflé aux divers motifs et reliefs qui suscitent l'admiration des visiteurs ! J'ai eu la chance, avec mon oncle, de visiter Florence, Gène, Sienne, Assise, et Pise avec sa tour penchée, puis, en dernier lieu, Rome ou j'ai aimé l'architecture de la fontaine de Trevi.

    C’est un des monuments renommés justement pour son architecture, fit Isabelle. Sa construction date du XVIII siècle. Elle est un des sites touristiques le plus célèbre qu’il puisse y avoir à Rome. Elle est située dans le rione de Trevi. La Fontaine se trouve en plein cœur de la ville, à proximité du Panthéon, et de la place d’Espagne. Cette fontaine est la plus connue de Rome, et c'est un lieu de pèlerinage pour les amoureux qui se doivent, afin que leur amour perdure dans le temps, de jeter une pièce de monnaie en faisant un vœu. Elle est la plus artistique fontaine de tout Rome et la plus imposante aussi. Elle est présente dans l’imaginaire collectif grâce à la Dolce Vita de Fellini. En 1730, le Pape Clément XII organisa un concours pour imaginer une fontaine sans aucune règle ou exigence particulière. Le Lauréat fut Nicolas Salvi qui conçut une fontaine immense et magnifique en l’honneur du dieu des mers, Neptune. Les travaux débutèrent en 1732, onze ans après sa mort. Nicolas Salvi ne vit jamais l’aboutissement de sa création. Trevi signifie trois routes car la fontaine fut construite, à l’époque, à l’intersection de trois routes. La fontaine de Trevi, de loin la plus grande et la plus célèbre fontaine de Rome, mesure 20 mètres de large et 26 mètres de haut. Elle représente Neptune sur un char, tiré par 2 chevaux guidés par 2 tritons, un jeune et un plus âgé. En observant bien la fontaine, on remarque qu'un cheval est calme, tandis que l'autre est agité. Ils symbolisent les humeurs changeantes de l'océan. Sir de Montaigu-Meldwin y a séjourné pour affaire plus longuement que moi. Je dû rentrer seule à verte-cour avec des souvenirs que je n'aurais jamais cru ramener dans mes bagages, surtout si j'étais restée à Monteuroux !

    Le seul regret qui restait imprimé dans le cœur d’Isabelle, était de ne pas avoir pu rester à Venise jusqu'à son carnaval ; mais elle avait eu l’immense plaisir de visiter le palais des Doges qui est un magnifique palais de style gothique et vénitien, et qui est visible depuis la mer adriatique.. Elle avait apprécier l'art bisantyn de sa basilique située sur la place Saint-Marc, dans le quartier de San Marco. la place Saint-Marc constitue le cœur de la ville. Je ne peux pas vous énumérer toutes les curiosités de cette belle ville baignant dans la lagune, car ce serait vraiment trop long ! Dit-elle en riant.

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    Le mystère de l'étang-aux-ormes .Page -4-

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    Livre d'or

    Chapitre -1-  

    Nous n'étions pas encore à la fin août. L’automne n'était pas loin, mais en Normandie, septembre est souvent boudeur, morose et capricieux. La jeune adolescente aimait la saison automnale lorsque la cime des arbres se couvrait de taches de couleur, ce qui lui faisait penser à des artistes peintres tels que les impressionnistes et le toucher bien spécial de leurs pinceaux. Tandis que les jours raccourcissait lentement. Elle regardait la campagne se parer de ses plus beaux atours, cela la rendait souvent pensive et mélancolique.

    La jeune Isabelle vivait en symbiose avec cette nature enchanteresse. Elle ne se lassait pas d'admirer le paysage ou des myriades de petites touches colorées laissaient entrevoir la perspective d’une nouvelle saison qui se profilait doucement à l'horizon. Les premiers frimas de l’hiver n'allaient pas tarder. Isabelle était sensible aux humeurs fantaisistes des nouvelles saisons qui se profilaient tous les trois mois et principalement l’automne. Elle profitait pleinement de la sérénité qui se glissait en elle à l’arrivée de cette saison enchanteresse. Cependant, cette fois l'été n'avait pas l'air de vouloir laisser sa place. Il prenait ses aises et se prolongeait à n'en plus finir. Les paysans n'allaient pas s'en plaindre, car l'été semblait vraiment vouloir tenir tête à la saison suivante qui, normalement, devait lui succéder. Serait-ce que la nature désirait faire un caprice et jouer sur la longévité d’un été non dénué de plaisirs ?

    La jeune comtesse connaissait personnellement chaque paysan qui, comme toutes les année, attendaient patiemment les changements à venir en pensant aux récoltes qui allaient suivre. Cela commençait par les vendanges : les vinailles en patois normand qui tombaient en septembre et se prolongeaient jusqu'en octobre. On clôturait chaque année la fin de ces vendanges par la grande fête du raisin. Un grand repas était servit pour remercier tous les vendangeurs et les vendangeuses qui cueillaient les grappes et ceux qui piétinaient en chantant les fruits gorgés de soleil dans des immenses baquets de chêne. Chaque année, les premiers jus étaient servit à ce repas de fête en guise de boisson. A  cette époque Les maîtres des vignobles organisaient toujours ces mêmes festivités qui mettaient fin aux vendanges.

    Les pommes, elles, se ramassaient sur le sol également à la même époque. Les cidreries attendaient donc tranquillement que les fruits soient à maturité pour fabriquer le cidreLorsque le ramassages étaient finit, cela se terminait également par une grande fête, comme pour la fête des vendanges ou l’on buvait également la boisson du pays extraite des premiers jus avant fermentation : ce qui lui donnait un goût légèrement aigrelet que l’on appelait de la piquette. Ce jus n’avait pas encore la teneur en alcool qui faisait les bons cidre de Normandie. Le Calvas Fleuron de la ville du Calvados, était aussi fabriqué avec des pommes bien sûr et selon la tradition. Ce qui veut dire que l'on ne travaillait pas du tout les fruits de la même manière. Pour la saison froide, les paysannes n’omettaient pas de conserver dans leur grenier des pommes qu’elles gardaient pour différents desserts. Les fruits sélectionnées pour ce faire, étaient bien espacés l’un de l’autre et enroulés dans du papier journal, ce qui aidait à la conservation. 

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  • Le mystère de l'étang-aux-ormes .Page -5-

     Chapitre 1

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    Nous n'étions pas encore à la fin août. L’automne n'était pas loin, mais en Normandie, septembre est souvent boudeur, morose et capricieux. La jeune adolescente aimait la saison automnale lorsque la cime des arbres se couvrait de taches de couleur, ce qui lui faisait penser à des artistes peintres tels que les impressionnistes et le toucher bien spécial de leurs pinceaux. Tandis que les jours raccourcissait lentement, elle regardait la campagne se parer de ses plus beaux atours. Cela la rendait souvent pensive et mélancolique.

    La jeune Isabelle vivait en symbiose avec cette nature enchanteresse. Elle ne se lassait pas d'admirer le paysage ou des myriades de petites touches colorées laissaient entrevoir la perspective d’une nouvelle saison qui se profilait doucement à l'horizon. Les premiers frimas de l’hiver n'allaient pas tarder. Isabelle était sensible aux humeurs fantaisistes des nouvelles saisons qui se profilaient tous les trois mois et principalement l’automne. Elle profitait pleinement de la sérénité qui se glissait en elle à l’arrivée de la saison enchanteresse. Pourtant, cette fois, l'été n'avait pas l'air de vouloir laisser sa place. Il prenait ses aises et se prolongeait à n'en plus finir. Les paysans n'allaient pas s'en plaindre, car l'été semblait vraiment vouloir tenir tête à la saison suivante qui, normalement, devait lui succéder. Serait-ce que la nature désirait faire un caprice et jouer sur la longévité d’un été qui refusait de laisser sa place ?

    La jeune comtesse connaissait personnellement chaque paysan qui, comme toutes les année, attendaient patiemment les changements à venir en pensant aux récoltes qui allaient suivre. Cela commençait par les vendanges : les vinailles en patois normand qui tombaient en septembre et se prolongeaient jusqu'en octobre. On clôturait la fin des vendanges chaque année par la grande fête du raisin. Un grand repas était servit pour remercier tous les vendangeurs qui cueillaient les grappes, et les vendangeuses qui dans d’immenses baquets de chêne, piétinaient en chantant, les fruits gorgés de soleil. Chaque année, les premiers jus étaient servit à ce repas de fête en guise de boisson. A cette époque, les maîtres des vignobles organisaient toujours ces mêmes festivités qui mettaient fin aux vendanges. Pour les pommes, c’était la même coutume : elles se ramassaient sur le sol également à la même époque. Les cidreries attendaient donc tranquillement que les fruits soient à maturité pour fabriquer le cidre.

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    Dans chaque grenier, les fruits pour l'hiver attendaient bien sagement que l'on vienne en prélever quelques uns afin de confectionner de délicieuses tartes. Pour en revenir à la cueillette des pommes à cidre, ce n'était quand même pas un travail facile et de plus, la dangerosité se trouvait dans la multitude de vipères qui se dissimulaient dans les pommeraies. En ces temps reculés, elles étaient légion. Il fallait faire très attention ou l’on posait ses mains que l’on devait ganter. L’on devait également se chausser en conséquence pour se protéger le mieux possible de ces serpents nuisibles. Des accidents mortels s’étaient déjà produit et la vigilance était de mise. Les trois mois d'automne étaient chargés en activités, et se poursuivaient au fils des jours avant que la froidure ne s'installe définitivement. En même temps que les vendanges, venait le ramassage des figues, des châtaignes, des noix, des noisettes, ainsi que d'autres fruits à laquelle ma mémoire ne pense pas. Isabelle aimait les promenades dans les sous-bois à la recherche de champignons divers et variés. A partir de novembre, pour ceux qui en avaient le courage, il fallait braver le froid pour rechercher les truffes car cela pouvait durer jusqu'en février. Les cochons truffier étaient très friands de ce champignon et il fallait faire attention à ce qu’ils ne les mangent pas. Lorsqu’ils étaient sur la piste d’une truffe, on le laissait bien s’en imprégner, puis on ne le laissait pas aller jusqu’au bout de sa trouvaille et on lui prenait la truffe. Sa récompense était un petit bout de ce qu’il convoitait. Ainsi, l’animal continuait de rechercher l’objet de son désir.

    Pour les soirées d'hiver, Isabelle était toujours invitée dans une des famille du village. La jeune fille adorait ces réunions familiales qu’elle ne connaissait qu’avec ces gens simples et généreux. C’était des gens rustres, mais ils étaient très chaleureux avec l’adolescente, n’appréciant pas du tout le comportement du comte son père. Ils avaient une coutume qui se perpétrait depuis des siècles et que l'on appelait la bolée normande. Elle qui consistait à se réunir les soirs de froidure pour consommer une bonne bolée de cidre chaud de l’année précédente, accompagnée de délicieuses châtaignes gardées pour l'occasion, et que l'on faisait griller dans de grande poêles trouées que l’on mettait sur les cendres de chaque grande cheminée ou trônait en permanence une crémaillère. Le cidre doux et sucré à souhait, était également disposé sur le devant de l'âtre dans de très grands bols faits de terre cuite empilables. Il faisait bon se réunir au coin de ces grandes cheminées les soirs ou le froid mordait, qu’il pleuvait ou neigeait, tout en dégustant cette bonne boisson chaude traditionnelle. C’était une joie que d’apprécier le bon cidre chaud et sucré à souhait qui coulait dans la gorge, tout en dégustant des châtaignes grillées. Ces soirs là, il ne faisait pas bon laisser un chien dehors ni un chat, bien sûr ! C’est pourquoi la coutume voulait que l’on partage ces moments de sérénité autour de la cheminé familiale avec les chiens couchés devant l’âtre et les chats ronronnant entre leurs pattes. Les anciens aimaient raconter des histoires que les enfants, ainsi que la jeune comtesse, adoraient écouter. De temps à autre, c'est elle qui amenait des livres de contes pris dans la bibliothèque de château-neuf. Château-vieux avait aussi une grande bibliothèque que les châtelains successifs avaient délaissé, mais qui contenait des trésor très instructifs se rapportant à la littérature comme les fables de la fontaine et autres écrivains connus du dix huitième, dix neuvième et vingtième siècle. Isabelle lisait à la perfection et chacun écoutait avec beaucoup d'attention ses récits pendant que les paysans discutaient entre eux. Chaque année, à l’arrivé de l’automne, Isabelle aimait s'attarder sur les hauteurs ou les odeurs des foins lui parvenaient de la vallée. Le parfum des pommes tombées à terre et légèrement fermentées, mélangées à toutes sortes d'effluves provenant de multiples fleurs et fruits murs, exhalaient leurs essences enivrantes qui emplissaient ses jeunes poumons. 

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  •  Le mystère de l'étang-aux-ormes. Page -7-

    La jeune comtesse se plaisait à admirer les collines, les montagnes et les vallons offrant un magnifique paysage à son regard émerveillé, et cela lui ravissait l'âme. La jeune fille connaissait par cœur le rythme des saisons, et quand arrivait l'hiver, ce qu'elle craignait le plus, c'était le froid et l'humidité qui régnait dans la vieille tour ou elle habitait avec sa marraine qui faisait office de préceptrice.

    L’adolescente appréhendait tout les ans, ces hivers qui, dans la vieille tour ou sa marraine Adélaïde et elle-même, souffraient du froid et de l’humidité malgré les grandes cheminée qui chauffaient sans interruption dans chaque pièces à vivre. Les commodités nécessaires à une vie descente étaient inexistantes. La toilette journalière se faisait sobrement dans une cuvette en porcelaine dans laquelle se trouvait un pot à eau. Pour les besoins naturels, des chaises d’aisance étaient prévues dans ce qui servait d’appartement, à la disposition des habitants de la vieille tour. La vie était rude au début du vingtième siècle ! La nature endormies n’aidait pas à se réchauffer. Les êtres humains se calfeutraient chez eux, bien au chaud en attendant le redoux.

    Quand arrivait le printemps, la jeune fille aimait beaucoup voir les jours s'allonger au fur et à mesure que la nouvelle saison s'installait. Perchée sur le plat rocheux de la falaise, le vieux château de Monteuroux s'accrochait à ses fondations bien ancrées dans le sol, tout en exposant ses ruines au centre d’un paysage très arboré. Il s’élevait fièrement, refusant de céder au bourrasques de vent qui ne le ménageaient pas lors des tempêtes hivernales. Château-vieux, comme on l'avait surnommé par rapport à château-neuf, se tenait debout par endroits, fier d'être, dans ses pierres, le témoin de pratiquement trois cent ans d'existence, se cramponnant à ses souvenirs, si tant est que les objets aient une âme, ce que je veux croire...

    La seule personne qui aimait ses ruines, sans soucis du danger, ni du vertige qu’elle ne craignait pas, Isabelle était assise à même le sol. Ses jambes fines pendaient le long de la falaise et ses pieds minces chaussés de ballerines usagées battaient la roche. Sur l'appui à demi effondré de la demi baie en arc de cercle donnant directement sur l'à-pic du bloc rocheux, Isabelle se penchait en avant, son attention retenue par une silhouette à cheval qu’elle connaissait bien.

    Qui l'eût vue dans cette fâcheuse position, en aurait tremblé d'effroi. Pas la jeune comtesse, qui se penchait un peu plus, pour mieux voir le cavalier chevauchant en contre-bas sur le chemin longeant la parois abrupte. Les événements susceptibles de se passer au dessus de sa tête, ne regardait pas ce jeune cavalier trop occupé à chevaucher tranquillement, apparemment satisfait de sa promenade. A un certain moment, il arriva au tournant du chemin caillouteux qui menait à Château-neuf. C'est à cet instant que la jeune adolescente perdit de vue le jeune cavalier.

    Château-vieux, plus que trois fois centenaire, avait été jumelé avec un autre beaucoup plus récent qui, par rapport à lui, était en très bon état. L'histoire de ces deux monuments Français, jumelés depuis longtemps, aurait mérités d'être classés comme monuments historiques.

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  • Le mystère de l'étang-aux-ormes. Page -8-

    Depuis longtemps, château-vieux était à l'abandon, envahit par une végétation désordonnée, dissimulant des abords dangereux insoupçonnés. Les rebords de la falaise étaient cachés par les buissons d’aubépine sur lesquels fleurissaient de jolies petites fleurs blanches de la famille des rosacés. Ces rosiers sauvages exhalaient différents parfums très subtiles et Isabelle aimait s'enivrer de leurs effluves.

    Tout en contemplation devant le panorama qui s'offrait à elle, Isabelle revînt à sa réalité, se redressa prudemment pour ne pas risquer la chute, fit faire volte-face à son jeune corps souple et gracile, se souciant peu du précipice à qui, maintenant, elle tournait le dos. La jeune adolescente au visage d'un ovale parfait, se distinguait dans cette luminosité solaire faiblissante et tout à fait éphémère. Son corps encore filiforme, nimbé de cette luminosité irréelle, se détachait dans ces ruines, formant un tableau que seule une fin d’après-midi d’été était capable de créer, juste avant de diminuer d’intensité. La clarté que recherchaient les artistes peintres inspirés, disparaissait, petit à petit, derrière un horizon indistinct, masqué par les bois et forêts entourant le village, et le château jumelé que l’on apercevait de loin grâce au promontoire de granit sur lequel ils avaient été édifié, commençait à se perdre dans une brume crépusculaire qui se devinait en filigrane.

    La jeune personne était fraîche comme une rose. Son teint légèrement halé par ces trois mois d’été faisait ressortir ses yeux d'un vert noisette parsemés de taches mordorées. Isabelle restait là à rêvasser, les bras croisés sur sa poitrine. Son regard errait sur les grands arbres entourant le village paisible ou coulaient de nombreux petits bras de rivières arrosant la région. Par endroit, le soleil nimbait les surfaces cultivées. La jeune adolescente était souvent perdue dans ses pensées. Elle ne se préoccupait plus du spectacle qui s'offrait à ses yeux mélancoliques. Un pli s'était formé sur son jeune front dont une mèche de cheveux rebelle avait été repoussée de la main d'un geste machinal. Une contraction involontaire crispait son joli minois. Ses sourcils nettement dessinés, d'un ton plus foncé que sa blonde chevelure, s'étaient rapprochés, lui donnant un air soucieux. Il arrivait fréquemment que la jeune fille vienne se poster à cet endroit propice à une méditation favorable au cheminement de ses pensées, évitant ainsi d’être dérangée.

    L’endroit où elle était assise était dangereux pour qui ne connaissait pas ce lieu. Néanmoins, pour elle qui était parfaitement habituée à ce coin, ce n’était rien que d’effectuer un mouvement souple de ses reins afin de se détourner du vide en sautant avec légèreté sur le sol, se retrouvant ainsi sur ses pieds dans un espace qui, jadis, avait dû être une vaste salle éclairée par une large baie vitrée. Il n'y avait plus de porte à l'ouverture opposée qui donnait sur une cour envahie d'herbe, bordée à droite par son corps de logis, abandonné lui aussi, et à gauche par un autre bâtiment de la même époque. Une vieille cour carrée que l'on appelait la tour du comte de Montserrault le terrible, se trouvait être dans le même état que le reste de cette ancienne somptueuse demeure seigneuriale,

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  • Le mystère de l'étang-aux-ormes. Page -8-

    Aujourd’hui, complètement abandonnée au profit de la partie agrandit et rénovée sur le modèle de son jumeau, et selon les normes de l'époque qui ont été respectées par les descendants.

    Une grille formait le quatrième côté de cette cour au centre de laquelle trônaient un joli bassin qui, depuis longtemps, n'était plus alimentés en eau. Plusieurs angelots ornaient le bassin recouvert de mousse. Les jolis angelots semblaient attendre en vain, que le petit bassin revienne à la vie par je ne sais quel miracle. Les battants de la grille qui délimitaient château-vieux de château-neuf, étaient partiellement sortis de leurs gonds et ne fermaient plus. Au-delà de la grille, apparaissait un parterre à la Française très bien entretenu, qui s'étendait devant le corps de logis datant du 17 ème siècle, formant une équerre qui mordait sur les bâtiments de château vieux. Du côté de château neuf, six hautes portes vitrées s’ouvraient sur une large marche de marbre blanc veiné de noir et patinée par le temps, ce qui donnait encore plus de cachet à la façade du bâtiment qui semblait être en très bonne état par rapport à château-vieux entièrement délaissé. L'on distinguait, dans les auteurs de la campagne profonde qu’est la haute Normandie, la partie du château rénové, complètement accolé à l'autre château. Les deux battisses semblaient être devenues indissociables l'une de l'autre. Les années passants, nul ne pouvait, sans y prêter une extrême attention, les différencier. Les châtelains actuels avaient pris soins de se conformer au style du premier bâtiment, afin qu'ils ne fassent plus qu'un au yeux de qui ne connaissait pas son histoire.

    Ce fut vers l'une de ces hautes portes fenêtres que se dirigea Isabelle. Son corps souple, avait une grâce singulière. Elle était nimbée d'une une aura presque surnaturelle. Un léger sourire détendait ses lèvres finement ourlées. Elle entra dans la pièce offrant à son regard un grand salon aux boiseries d'ébène, artistiquement sculptées. Isabelle s’attarda sur les changements qu'elle venait de remarquer, en fît le tour et s'arrêta sur une causeuse aux coussins froissés, puis, plus longuement sur une table ronde au pied central. Sur cette table, se côtoyaient revues, broderies commencées, et au centre, trônait un petit cendrier de cristal où se consumait une cigarette blonde dans son fume-cigarette.

    Dès que le seuil de la porte fut franchit et que celle-ci fut refermée sur la beauté expressive du visage de la jeune fille, un voile sembla, tout à coup, avoir été tiré. Ce fut une adolescente un peu figée, au regard glacé, qui daigna formuler un bref salut :

    Bonsoir, William. Au jeune homme en tenue de cheval subitement apparu dans le salon.

    Vous, ici ? Isabelle ? Fit-il surpris.

    Oui. Pourquoi ne serais-je pas à cet endroit ?

    Le jeune homme senti un défit dans la voix encore enfantine de la jeune fille. Interloqué par cette rebuffade à peine déguisée, il ajouta d’un ton identique à celui qu’avait employé sa cousine Germaine :

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  •  Le mystère de l'étang-aux-ormes. Page -9-

    Sur cette joute entamée entre les deux cousins, apparu une jeune fille dans l'encadrement de la porte fenêtre que le jeune homme n'avait pas refermé. Sans se soucier de la présence d’Isabelle qu’elle feignait de ne pas encore avoir remarqué, elle s’adressa directement au jeune homme :

    Ah ! William, cher ami ! Nous rentrons à l'instant de promenade.

    Elle avait une voix troublante et musicale. Ses yeux d’un bleu-vert foncés contrastaient avec ce sourire mielleux et séducteur qu’elle affichait. Son visage aux traits fins et délicats s’harmonisait avec cette opulente chevelure relevée et travaillée en chignon, laissant savamment échapper quelques longues mèches travaillées en anglaises qui descendaient sur le côtés de son épaule droite, pour venir mourir sur un délicat et chaste décolleté, laissant juste voir ce qu’il fallait pour une jeune fille de son rang.

    La jeune comtesse de Richemont était consciente de son pouvoir de séduction sur la gente masculine et elle savait jouer de ses charmes en toutes occasions. Sa robe de mousseline joliment agrémentée de dentelle garnissant le haut de son corsage, finissait de parfaire sa tenue. Elle savait indéniablement porter la toilette avec une très grande élégance ! Consciente de l’effet produit sur le jeune comte qui s’avançait vers elle, admiratif, elle l’accueillit avec des yeux charmeurs sous de longs cils papillonnants en lui tendant sa main à baiser. William continua de s’avancer, subjugué, vers ce joli tableau. Il lui prit la main qu'elle lui tendait avec coquetterie et y appuya ses lèvres. Ludivine avait un teint de porcelaine légèrement rosé. Son seul défaut était ses lèvres génétiquement très fines sur une bouche légèrement trop grande comme l’était celle de sa mère. Consciente de ce petit défaut, elle s’arrangeait, par multiples artifices bien féminin, afin que cette légère imperfection soit sublimée par une rangée de dents très blanches, faisant penser à des perles. La jeune comtesse de Richemont savait faire de cette légère disproportion dans un visage angélique parfait, une qualité qu’elle mettait à profit pour séduire le beau William.

    Vous êtes très en beauté, ma chère Ludivine !

    Oh! Ce n’est n’est juste qu’une tenue pour l’après-midi ! Je me suis habillée ainsi, jugeant que pour vous rendre mes hommages du jour, cela était assez pertinentJe viens seulement d'arriver cher William. Dominique que nous avons croisé dans la cour m'a dit que vous ne tarderiez probablement pas, à moins que vous ne soyez déjà arrivé. Pour un peu, nous nous serions croisés sur le chemin de Monteuroux. Notre cousine, Mme de La Chamalière est malade. Nous avons trouvé bon d'aller lui rendre visite afin qu'elle ait un peu de compagnie… mais je vois, mon ami, que quelqu'un a comblé le vide de notre absence…

    Il y avait, dans la voix de la jolie personne, un soupçon de moquerie dirigé vers Isabelle qui ne s'était pas départi de cet air figé d'avant l'arrivé de la nouvelle venue.

    Une voix derrière Ludivine, se fît entendre avec une intonation de douce raillerie :

    Aimable compagnie, assurément…

     

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  •  Le mystère de l'étang-aux-ormes. Page -11- 

    Ne peux-tu faire une autre tête, Isabelle ? Et quand cesseras-tu, ma pauvre enfant, de toujours choisir la plus vilaine de tes robes pour venir au salon ?

    Avec une révérence forcée, mais non moins pratiquée avec application accompagnée d’un air ironique poussé à l’extrême, Isabelle persifla :

    Je me suis habillée ainsi, jugeant que pour vous rendre mes hommages de l’après-midi, cela était bien suffisant, Mme !

    Oh ! Comment oses-tu !

    Cela est tout à fait convenable pour le degré de parenté inexistant que vous avez avec moi qui suis la seule, de par ma naissance, vraie de Rubens, Mme ! Les ancêtres tourangeau issus de la noblesse de France de votre dernier mari, vous permet, de par votre titre, d'accéder à une certaine aisance financière parce qu'il vous à comblé, avant de mourir, en vous nommant son héritière et comme il avait une fortune personnelle conséquente, vous ne vous privez guère d'afficher vos privilèges, mais vos deniers ne servent aucunement à mon entretient, que je sache ! Vous devriez me remercier au lieu de me critiquer ! Qu’avez-vous à faire de ma personne pour avoir, depuis dix ans, éloigné mon père de moi ? Dois-je vous rappeler que je ne suis nullement votre fille, ce qui, pour moi, serait fort préjudiciable...

    Sachant très bien mettre sa belle-mère mal à l'aise, Isabelle appuya sur un point qu'elle voulait mette en exergue sur la façon dont la d'Argenson avait manœuvré pour conquérir son père. Elle reprit ses attaques :

    Vous vous êtes approprier le nom des de Rubens par la ruse, ce qui n’est pas de mon goût. La d'Argenson faillit s'étrangler en invectivant sa belle-fille :

    Mais tu es intraitable ! Je suis ta mère ! Comment oses-tu une telle insolence ? Tu êtes une sale gamine ! Je vais en référer à ton père !

    Isabelle ne se départie pas de son calme. Bien au contraire, elle se fît un plaisir de surenchérir sur les menaces de sa marâtre :

    Vous êtes la mère de la comtesse Ludivine de Richemont, votre fille que vous chérissez. Pas la mienne. Peut m’importe que vous en référiez au comte, mon père ! Cela ne me touche guère.

    Ne t'a t'on pas appris le respect ? Comment oses-tu une pareil insolence envers moi !

    Jose, Mme ! Un point c’est tout ! Vous n’êtes que ma belle-mère ! Je connais ce qu'est le respect ; mais je n'en ai que faire quand il s’agit de vous ! Il est un fait que je ne vous permets pas de me réprimander ! Vous n’avez aucun droit sur ma personne ! Je continuerais donc à vous faire des courbettes et des révérences pour la galerie, ce qui me servent juste à vous tourner en ridicule comme cette révérence complètement inutile de tout à l’heure…

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  • Le mystère de l'étang-aux-ormes. Page -12- 

    Je vous le répète, je suis la seule, de par ma naissance, à être une vraie de Rubens, Mme ! Les ancêtres tourangeau issus de la noblesse de France de votre dernier mari, vous permet, de par votre titre, d'accéder à une certaine aisance financière parce qu'il vous à comblé avant de mourir en vous nommant son héritière.  Comme il avait une fortune personnelle conséquente, vous ne vous privez guère d'afficher vos privilèges, mais vos deniers ne servent aucunement à mon entretient, que je sache ! Vous devriez me remercier au lieu de me critiquer ! Qu’avez-vous à faire de ma personne pour avoir, depuis dix ans, éloigné mon père de moi ? Dois-je vous rappeler que je ne suis nullement votre fille, ce qui, pour moi, serait fort préjudiciable...

    Sachant très bien mettre sa belle-mère mal à l'aise, Isabelle appuya sur un point qu'elle voulait mette en exergue sur la façon dont la d'Argenson avait manœuvré pour conquérir son père. Elle reprit ses attaques :

    Vous vous êtes approprier le nom des de Rubens par la ruse, ce qui n’est pas de mon goût. La d'Argenson faillit s'étrangler en invectivant sa belle-fille :

    Mais tu es intraitable ! Je suis ta mère ! Comment oses-tu une telle insolence ? Tu es une sale gamine ! Je vais en référer à ton père !

    Isabelle ne se départie pas de son calme. Bien au contraire, elle se fît un plaisir de surenchérir sur les menaces de sa marâtre :

    Vous êtes la mère de la comtesse Ludivine de Richemont, votre fille que vous chérissez. Pas la mienne. Peu m’importe que vous en référiez au comte, mon père ! Cela ne me touche guère.

    Ne t'a t'on pas appris le respect ? Comment oses-tu une pareil insolence envers moi !

    Qui me l’aurait appris, vous ? Mon père, peut-être… A non ! C’est ma marraine et ma préceptrice, et je ne m'en sert qu'à bon escient...

    Mais enfin ! Cela suffit, Isabelle !

    Et bien non. Cela ne suffit pas. Jose, Mme ! Un point c’est tout ! Vous n’êtes que ma belle-mère ! Ce qui signifie que vous n’êtes rien pour moi.

    Je connais ce qu'est le respect, mais je n'en ai que faire quand il s’agit de vous ! Il est un fait que je ne vous permets pas de me réprimander ! Vous n’avez aucun droit sur ma personne ! Je continuerais donc à vous faire des courbettes et des révérences si cela peut vous donner l’illusion d’une certaine importance. Pour moi, cela ne sert qu’à vous tourner en ridicule comme cette révérence complètement inutile de tout à l’heure.

    Hors d'elle, la comtesse hurla :

    Sortez de cette pièce, petite effrontée ! Vous n’avez rien à faire ici Lorsque vous vous conduirez mieux, nous aviserons ! Sortez de cette pièce, vous dis-je ! Je ne veux plus vous voir et même si vous vous en fichez royalement ! Nous verrons bien ce qu'en dira mon époux !

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  •  Le mystère de l'étang-aux-ormes. Page -15-

    D'un air désabusé, Isabelle riposta à mots couverts :

    Comme d’habitudeRien ne change...

    —   Mais enfin ! Allez-vous vous taire ! Quand est-ce que vous comprendrez que vous n’est rien qu'une enfant mal éduquée ?

    — A qui la faute si je suis, comme vous dites, mal éduquée ! Les enfant mal élevés n’obéissent à aucun ordre : ils pratiquent l'insolence avec délectation. Ne le savez vous pas ? Il va falloir vous y faire ! Je n'ai aucunement l'intention de vous obéir...

    Ludivine, détournant légèrement sa jolie tête, dit à mi-voix avec cet air de fausse indulgence :

    Oh ! Maman, ne l'humilie pas ainsi ! C’est une de Rubens !

    — Je me soucie peu de votre soutient hypocrite accompagné de votre compassion douteuse, Ludivine. Je n’ait que faire de vos faux-semblants ! Je sais me défendre seule !  A l'avenir, abstenez-vous de prendre ma défense, voulez-vous ?

    Le jeune comte, stupéfait de la joute entre la comtesse de Rubens et sa cousine, n’en revenait pas. Il restait neutre, mais n’en pensait pas moins. Sa cousine germaine était âgée de seulement seize ans et pour son âge, elle avait un sacré caractère ! Il n'en revenait pas de voir l'adolescente oser tenir tête à ce qui devait représenter l’autorité pour elle. Il comprit que sa cousine ne cédraie rien face à sa belle-mère. C’était un vrais coq de combat ! En effet, Isabelle ne se départit pas de son calme et continua de plus belle :

    — Je vous somme  de quitter ce salon ! Allez-vous obéir à mes ordres et sortir !

     

    Pour répondre à vos injonctions, je ne me sens nullement obligée d'obéir à vos commandements ! Je m’en irai que si l’envie m’en prend. Pas avant, ne vous en déplaise ! A part mon cousin germain, je suis la seule vrai comtesse de Rubens dans cette pièce et là, je décide de m’en aller parce que votre vue et celle de votre fille m'insupporte.

    L’air narquois de l'adolescente rendit la d’Argenson encore plus folle de rage. Rouge d’une colère, elle décida de se donner une contenance en jouant la comédie du sourire charmeur tout en tendant à William sa main à baiser, faisant mine de ne pas avoir entendu les derniers mots blessants lancés par sa belle-fille. Le jeune comte s’exécuta, montrant une déférence feinte nullement ressentit. Il était de bon tons à l'époque dont je vous parle, que les messieurs pratiquent aux dames de la noblesse, le baise-mains dont, lui-même, n'était pas partisan. Il s'en serait fort bien passé...

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  • Le mystère de l'étang-aux-ormes. Page -16- 

    La comtesse avait, comme sa fille, une bouche dont les lèvres peu ourlées, étaient fines et trop longues. Cependant, on oubliait ce léger défaut devant la séduction de ces yeux d'un bleu-vert, un peu étrange, sur lesquels tombaient de longs cils noirs. Les traits de la comtesse n'avaient rien de classique en ce sens que ses yeux, son teint satiné, d'une blancheur laiteuse, ses cheveux de la même teinte que ceux de sa fille, suffisaient à composer une beauté, somme toute, peu banale. La mère comme la fille était d’une remarquable ressemblance dont elles faisaient étalage en toutes circonstance, étaient, dans la société où elles évoluaient, fières de leur appartenance à la noblesse, et fières de leur beauté qualifiée de peu commune. Revenant à son envie de blesser Isabelle et ne voulant pas rester sur une cuisante humiliation vis à vis de son future beau-fils qui était loin de se douter du projet qu'elle élaborait pour lui et sa fille. La d’Argenson lança sur Isabelle un regard haineux emplie d'une fureur toute intérieure et ricana :

    C'est elle-même qui se met à l'écart, mon enfant, par le peu de convenance qu'elle affiche pour une de Rubens en venant au salon attifé de la sorte !

    Cette fois, s’en était trop. Les lèvres d'Isabelle s'entrouvrirent tout juste pour laisser fuser les quelques mots cinglants avec cet air de dédain qu'elle savait afficher, et qui accompagnaient souvent les paroles qui sortaient de sa jolie bouche pulpeuse, mais encore enfantine. Telle un coq de combat, la jeune comtesse répliqua :

    Vous vous faite un malin plaisir à m’humilier, mais vous devez bien penser, Mme, que je sais mieux que vous ce qui est indigne d'une de Rubens ! Réfléchissez à la question… vous devriez trouver sans peine la réponse.

    L’air moqueur de la jeune comtesse rendit la d'Argenson encore plus enragée devant la réplique cinglante de sa belle-fille, qui se trouvait être tout à fait de circonstance et non dénuée de bon sens. Sur ses dernières paroles, Isabelle tourna les talons et quitta le salon la tête haute, sans un regard pour le petit groupe qui se tenait là, sans voix devant son aplomb. Décidément, pensa William. Sa cousine germaine avait du caractère. De plus, il y avait un je ne sais quoi  chez elle qui le troublait... quelque chose en elle qui, sans en comprendre la raison, faisait son admiration.

    Une fois sortie de ce salon emplit de mauvaises ondes, Isabelle longea la bande de marbre qui bordait ce lieu détestable pour tourner sur la gauche et se retrouver devant la tour carrée de château-vieux. Dans un renfoncement, à peine visible, une petite porte cloutée s’y dissimulait. Elle la poussa pour se retrouver dans l’armurerie où étaient disposés les armoiries de tous les ancêtres des de Rubens et toutes sortes d’armes dont une armure noire appartenant anciennement à un comte ayant l’âme aussi noire que son armure et que l’on surnommait, le diabolique. Celui-ci était renommé pour sa cruauté et sa perversité.

    Du temps ou il régnait sur ces terres, il violait les jeunes paysannes encore vierges qui se trouvaient être à son service sur son domaine. Il avait eu des enfants naturels dans tout le comté qu’il se gardait bien de reconnaître ! Les jeunes filles travaillant dans les champs, se cachaient lorsqu’elles entendaient le galop de son cheval. La veille de leurs noces, elles disparaissaient, comme par enchantement dans les bois, afin de préserver leur virginité jusqu’à leur mariage. C’était, pour elles, la seule façon d’échapper à ce droit de cuissage imposé par ce démonCe comte faisait peur. Il faisait régner la terreur partout ou il passait. La lubricité de cet homme était sans mesure. Même après sa mort, sa réputation et sa légende l’avait suivi jusqu’à ce jour…

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  •  Le mystère de l'étang-aux-ormes. Page -17- 

    Dans un coin de mur de cette vieille tour, un renfoncement cachait un escalier en colimaçon menant aux étages supérieurs. Isabelle s’y engagea lestement. Le premier étage avait été divisé en trois pièces, dont l'une était sa chambre, et une autre où elle entra après un coup bref frappé à la porte, était la chambre d’Adélaïde de Brémont, l'ancienne préceptrice de Daphné Meldwin lorsqu’elle était encore jeune fille, et qui, par la suite, était devenue la première femme du comte Rudolph de Rubens et la mère d'Isabelle.

    La pièce était sommairement meublée. Adélaïde, assise dans une des embrasures profondes du mur où se trouvaient une petite fenêtre de forme arrondi, cousait aux dernières lueurs du jour. La lumière encore assez prononcée, éclairait sa chevelure neigeuse bien lissée en catogan. Son profil aimable malgré les rides profondes de son visage, s’illumina soudain à l'entrée de la jeune fille. Elle leva la tête, et deux yeux clairs et mélancoliques où la bonté se reflétait sans effort, enveloppèrent Isabelle d'un regard interrogateur.

    D'où venez-vous encore jeune demoiselle ?

    Mais du salon !

    Du salon ? Et qu'y faisiez-vous donc, Seigneur ? Si madame la comtesse vous avait vu...

    Elle m'a vu. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'y étais.

    Adélaïde soupira et son regard posé sur Isabelle, laissa entrevoir un reproche mêlé d’une tendre d'inquiétude.

    Vous tenez tant que cela à la braver, et en plus, dans cet accoutrement ?

    C’est à père de se soucier de mon apparence. Apparemment, ce n’est pas ce qui le gêne! Il n’en a que faire et ce, depuis longtemps ! Je me dois de lui montrer que je suis de son sang en l’obligeant à me regarder telle que, par sa faute, je suis attifée comme le dit la d'Argenson chaque fois que je me présente devant eux. Depuis toutes ces années passées sans lui, mes vêtements on grandit avec moi. C'est peu dire ! Il m'a laissé, telle une pauvresse, à mon sort, sans se soucier de ce que, vous et moi, pouvions penser...

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    Je tiens à lui faire honte intérieurement, et même s’il ne le montre pas, il sait...

    Ma pauvre enfant, mais que gagnerez-vous à ce petit jeu ? Peut-être seulement d'être envoyée dans quelque pensionnat de jeunes filles sans fortune et loin d'ici pour terminer votre éducation. Il en a déjà été plusieurs fois question par le passé ?

    Envoyée loin d'ici ? De mon cher Monteuroux ?

    La voix d'Isabelle vibrait de colère.

    Elle ne peut me renvoyer de Monteuroux sans l’accord de mon père ! Je suis chez moi et je suis aussi une comtesse de sang tant que je ne serais pas mariée à un homme de ma condition, elle ne se débarrassera pas de moi facilement et de plus, je n’ai pas l’âge requis pour me marier ! Je suis chez moi ici !

    Chez votre père, Isabelle... chez votre père…

    C'est la même chose !

    Non, ce n'est pas exactement la même chose mon enfant, hélas !

    Isabelle dit âprement :

    Oui, à cause d'elle... mais Monteuroux sera à moi, plus tard.

    Si Dieu le veut ma chère petite… si Dieu le veut…

    Et pourquoi ne le voudrait-il pas ? Je veux que Monteuroux reste chez les de Rubens, et j’en fais partie !

    Sans doute, ma chère petite… sans doute… vous êtes en droit de revendiquer votre appartenance filiale aux de Rubens comme vous l’avez déjà fais devant la d’Argenson... mais en attendant, c'est Mr de Rubens qui est le maître de ce domaine, si l’on peut dire, car sous l’influence de cette femme, s'il décide que vous partiez…

    S'il décide que je parte, ce ne sera que pour une seule raison ! J'ai bien vu le manège entre mon cousin et Ludivine ! Si mon père décide un jour de me faire partir, c'est que ma belle-mère y sera pour quelque chose ! Des bruits courent au sujet des fiançailles de sa fille avec mon cousin germain. cela ne m’étonnerais guère qu’un jour, mon père et la d’Argenson évoquent des fiançailles pour ces deux-là.

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