-
Par La plume de N. Ghis. le 8 Avril 2020 à 18:17
Il paraît qu'elle est très souffrante ces temps-ci, mais elle a expressément ordonné de ne pas appeler le médecin.
— Ma chère Adélie. Faut-il que je me rende à son chevet ? Est-ce bien nécessaire ? Je suis tellement mal à l’aise en sa présence… qu’elle âge a-t-elle ?
— Il le faut, mon enfant ! Je ne sais que cela ne vous enchante guère ? Elle est très âgée, il est vrai. Je pense qu'elle à plus de quatre-vingt-trois-ans, mais je n'en suis pas sûr. Peut-elle tenir encore ? Je ne suis pas dans le secret de Dieu. Ce n'est, peut-être, qu'une fatigue passagère ? Qui pourrait certifier qu’elle puisse encore vivre quelques années, à part le docteur Pichon ?
Votre grand-mère qui est aussi la mienne de par la branche des de Brémont, m’a toujours ignoré. Et oui, mon enfant, fit Adélaïde. Je ne me suis pas étalée sur le degré de parenté que j'ai avec la comtesse Marie-Catherine, mais avant d’être une de Rubens, c’était une de Brémont... et je suis une de Brémont, ma chérie. Elle est également ma grand-mère, même si je lui suis indifférente. Mon frère étant décédé d’une maladie que je ne saurais décrire. Son testament stipulait que j'étais sa seule héritière.
J’ai dû m’assumer seule afin de subvenir à mes besoins et faire durer mon héritage. C'était mon frère qui était l'héritier... pas moi. Bien sûr, ce testament n'a pas plus à notre grand-mère et lorsqu'elle fut une de Rubens, ce lien entre elle et moi qui était loin d'être affectif, s'est complètement tarit. Je n'attendais rien d'elle. Je me suis débrouillée pour chercher un emploi comme préceptrice. J'aurais pu être rentière ; mais je ne me voyais pas ne rien faire de ma vie. Je trouvais chez votre oncle, Sir de Montaigu-Meldwin ce que je cherchais. Ainsi, je fus mise en présence de votre maman qui était toute jeune. Dieu que je l’aimais ma chère petite Daphné !
— Je sais, Adélie que ma mère vous était très chère ; mais il y a des choses qui me semblent suspectes concernant son accident. Mon instinct me dit que je ne suis pas loin d’une vérité que je ne connais pas encore, mais que soupçonne depuis déjà quelques années. Je suis obligée de garder pour moi mes doutes, ce qui est très lourd à porter seule. Je ne peux confier ce que je pense de la d'Argenson à mon père concernant ce qu’il s’est passé il y a dix ans. Je ne peux confier mes doutes à personne d'autre qu'à vous... Adélie. Si c’est elle qui a pris la vie de maman, elle ne réussira pas à me prendre le domaine de mes ancêtres en éliminant mon père par des moyens que je commence à fortement soupçonner ! La d’Argenson ne peut me supporter. Si c’est elle qui est pour quelque chose dans l’horreur qu’à vécu maman et si j’ai été tenu à l’écart avec l’accord de père, c’est pour cette raison. J’en suis convaincu.
— Isabelle ! Non ! Ne pensez pas à ces choses malsaines ! Ce n’est pas bon pour vous ! Pour le moment, ce ne sont que des suppositions. Il faut des preuves pour arriver à pouvoir mettre une personne en défaut.
— Qu’est-ce qui n’est pas bon pour moi ? Que je la soupçonne d’avoir tué ses deux maris pour s’approprier leur fortune ? Je ne saurais dire comment, mais cela me semble être presque sûr, comme je suis convaincu que père risque d’être le troisième.
19
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique