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Par La plume de N. Ghis. le 8 Avril 2020 à 14:09
— Votre grand-père n’était pas homme à se soucier de son fils. Ce qu’il faisait de sa vie lui importait peu. Votre père a vécu et ressentit ce manque d’amour et d’attention de sa part depuis tout jeune. Votre grand-mère qui est aussi la mienne, n’était pas non plus une bonne mère et votre père fut élevé par des nurses.
Elle ne s’occupait que de son époux, mais de son fils, elle ne s’en occupait pas ?
Quand ton père s’est fait homme, à part le respect qu’il devait à sa mère, son obéissance n’était pas une chose obligatoire pour lui, même si elle était en droit, par principe, de l’exiger. La comtesse Marie-Marguerite avait perdu toute autorité sur son fils et ne pouvait plus intervenir dans ses choix de vie. Ce n’est pas faute d’avoir essayer de conserver un ascendant sur lui, mais sans pour autant y parvenir...
A cette époque, elle était en Suisse. Il lui était impossible de revenir plus tôt. Ce fut suffisant pour que le mariage ait lieu sans qu'elle ait à y redire. Quelques semaines plus tard, lors du retour de la comtesse, la vicomtesse d'Argenson, devenue comtesse de Rubens, s'est alors éclipsée très discrètement, attendant de pouvoir être officiellement présentée à sa belle-mère, si je puis dire, car votre grand-mère, ayant mis ses menaces à exécution, la présentation de la nouvelle châtelaine ne fut jamais d’actualité.
Isabelle se leva, se tint un moment immobile devant sa chère Adélie, le visage défait et assombrit par la douleur. Malgré son chagrin, elle se permit de faire une dernière remarque :
— Pourquoi ? Mais pourquoi père s’est-il laissé séduire par cette femme ?!
— Mon enfant, il est inutile de vous faire du mal en remuant le passé… Je vous l’ai dit ! Laissez-le où il est. Il vous faut vivre à présent ! Il vous faut vous tourner vers l’avenir pour avancer et trouver votre place dans ce monde, ce qui est loin d’être facile…
Après être restée un moment silencieuse, la jeune fille reprit :
— Il faudra que, tôt ou tard, je sache tout ! En attendant, je vais aller travailler mon devoir de Grec. De plus, Mr le curé m'a donné à faire une difficile version latine pour demain. Je vous avouerais que je n’en ai guère envie. Et puis, à quoi est-ce que cela va me servir ? J’en ai assez de Platon et de ces leçons de latin !
Préoccupée par ce qu’elle venait d’entendre de la bouche d’Isabelle, Adélaïde cru de son devoir d’essayer de lui faire comprendre que ce que l’Abbé Verges lui enseignait, ne lui servait peut-être pas pour le moment, mais peut-être plus tard.
— Allez mon enfant, et ne vous torturez plus ainsi. Vous n’avez que seize ans. Essayez d’oublier toutes ces mauvaises pensées. Vous n’êtes pas de taille à affronter cette femme pour le moment.
Il vous faut étudier et plus tard, ce que monsieur l’abbé vous aura enseigné, aura tout son sens. Ah ! J'oubliais ! Dominique est venu tout à l'heure pour m'informer que Mme votre grand-mère, vous fait dire d'aller la voir demain.
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