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Le mystère de l'étang-aux-ormes. Page -209-
Une porte s’ouvrit derrière la jeune comtesse.
— Antoinette voudrait vous parler, dit Adélaïde.
— Dites-lui d’entrer Adélie. Antoinette pénétra dans la chambre de Isabelle, et lui tendit un rouleau de papier :
— Mlle Victoria envoie cela à Mlle Isabelle pour qu’elle le lise tout de suite.
— Ah ! Bien, Antoinette. Ma tante est-elle vraiment au plus mal ? Risque t-elle de nous quitter dans les jours qui vont suivre ?
— Elle va tout à fait mal. Je lui change ses draps tous les jours, tellement elle transpire. La fièvre ne descend pas. Elle vient en outre de se fatiguer pour écrire ces pages qu’elle voulait à tout prix vous faire porter. Je l’ai soutenu comme j’ai pu, mais elle à eu beaucoup de peine pour arriver à la fin.
La voix d’Antoinette se brisait. Sur son visage altérée par le chagrin, on discernait la fatigue accumulée par un dévouement qu’elle ne ménageait pas.
— Est-elle conscience de son état ?
— Oh ! Très bien, mademoiselle. Elle sait qu’elle est perdue.
— Elle ne veut pas voir le prêtre ?
Les yeux tristes d’Antoinette parurent s’éclairer tout à coup.
Il faut attendre l’heure de Dieu. Nous ne comprenons pas non plus, nous, mais Lui sait le moment où l’âme s’ouvre pour le recevoir.
— Si votre maîtresse voulait, je pourrais vous soulager un peu, Antoinette... en veillant sur elle cette nuit, par exemple ?
— Mademoiselle m’a chargé de dire à Mlle Isabelle qu’elle la recevrait ce soir, si elle veut venir après avoir lu ce qu’elle lui envoie.
Sur ces mots, Antoinette se retira. Isabelle, intriguée, prit une chaise et déroula les deux feuillets couverts d’une écriture heurtée, un peu en zigzags, mais où l’on retrouvait partout les traits caractéristiques d’une nature excessive et volontaire.
« Ma chère nièce,
Tu es sans doute étonnée que je puisse, après t'avoir ignoré pendant toutes ces années, t'appeler ainsi, mais puisque je vais mourir, il faut que je libère ma conscience. Isabelle, moi seule sais vraiment comment ta mère est morte. J’étais dans le pavillon le soir où elle fut poussée dans l’étang par une femme que je n'ai pas su reconnaître sur l'instant, mais qui me fit poser des questions. Ce geste meurtrier finit par guider ma réflexion sur la femme de chambre de ta belle-mère. A cette époque, et sur l'ordre de la vicomtesse d'Argenson, elle remplaçait la dame de chambre de ta mère. Je suis presque sur que ce ne pouvait être que cette femme aux ordre de ta belle-mère.
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