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    Le mystère de l'étang-aux-ormes. Page -34-

    Je n'oserai jamais vous répéter les mots haineux qu'elle lança à l'intention de ma grand-mère en train de mourir. Vous... ne saurez jamais la haine que j'ai ressenti dans la chambre de mon aïeule ?!

    L’abée Verges, fort embarrassé devant la colère de la jeune fille, ne sut que répondre.

     Isabelle appuya ses mains sur le rebord du bureau et se pencha vers le prêtre, son visage animé par une puissante émotion.

    — Ah ! Je la sens tellement, cette malveillance, cette haine qui rôde, qui me guette ! Elle m’a pris mon père qui ne voit plus que par elle ! Elle a détourné de moi ma tante et mon cousin germain, et je suis certaine qu’elle est pour quelque chose concernant la noyade de maman !

    L’abbé Forges tressaillit légèrement :

    — Vous imaginez-vous cela mon enfant ?

    —  Oui ! Je me l'imagine chaque jour que Dieu fait ! Je n'en dort plus la nuit. Je suis sûr de ce que j'avance, mon père ! L’accident de ma mère n’en est pas un. Je finirais bien par découvrir le fin mot de l’histoire lorsque je serai de retour à Monteuroux !

    — Mais c’est très grave ce que vous me dites ! Vous accusez, sur de simples présomptions, votre belle-mère d’assassinat sur votre mère !

     — Oui ! Mon instinct me dit qu’elle est, d’une manière ou d’une autre, la cause de l’accident de ma mère. D’ailleurs, pourquoi la vicomtesse d'Argenson, avant de devenir la comtesse de Rubens, n’aurait-elle pas détestée ma chère mère sous des dehors aimables et doucereux ?! Elle lui barrait le chemin pour atteindre son but ! Ma mère était belle, douce et bonne ! Trop bonne ! Vous devez le savoir, vous, monsieur le curé, ce que maman a souffert du temps de son vivant ? Elle vous a certainement confié beaucoup de chose sous le secret de la confession... n’est-ce pas ?

    Le visage du prêtre se ferma, tandis que de sa voix grave et nette, il répondit :

    — Il est inutile de revenir sur ces choses. Votre mère, à présent, jouit d’un repos éternel. Elle a supporté ses épreuves terrestres avec courage. Ce qu’elle vous demande, c’est de l’imiter, car elle fut une âme pure et droite et elle a su pardonner.

    — Elle a su pardonner ?! Elle vous a confié en confession qu'elle pardonnait les écarts de mon père ?!  Vous a t-elle confié qu'elle savait qui était sa maîtresse ?! Vous rendez-vous compte que ces quatre mots plein de sous entendu que vous venez de lâcher, sont plus éloquents que vos propres aveux spontanés ! Vous venez de me donner une indication qui me conforte dans l’idée que ma mère à souffert à cause de cette harpie. Ce qui signifie, pour moi, que ma mère se doutait d’un rapprochement certain entre mon père et cette mauvaise femme ! Maman avait comprit ce qu’il se passait entre eux. Le simple fait de me dire qu’elle a su pardonner, est donc qu’elle a souffert par la faute de cette femme diabolique !

    — Isabelle ! Calmez-vous et ne me faites pas dire ce que je ne vous ais pas dit ! Si cette phrase m’a échappée, je ne l’ai pas fais sciemment.

    — Mais vous l’avez prononcé cette phrase ! 

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