• La mystère de l'étang-aux-Ormes Page -59-

     Le mystère de l'étang-aux-ormes. Page -34-

    Isabelle se concentra pour mieux entendre sa voix supplier de plus belle. Elle hésitait toujours, se demandant si elle pouvait se permettre d’être au chevet de son aïeule en même temps que lui. Elle était inquiète. Que dirait son père la voyant au chevet de sa grand-mère qui était à l'agonie, alors que ce qu’il avait d’important à lui arracher de la bouche ne la regardait pas ? Après tout, elle était une de Rubens ! Même si son père et sa marâtre la traitait comme une personne insignifiante, elle se devait d’être là. De plus, elle connaissait la raison pour laquelle son père se devait d’être déjà aupré de sa mère afin de recueillir ses dernières paroles, et ce n’était pas du tout par affection. Oh ! Non ! Il s’agissait, et elle en était sûr, des bijoux de la princesse dont les origines se trouvaient être les Indes Orientales, à l'époque des colonies Anglaise.

    Comme elle s’appliquait à observer celle qui lui avait fait confiance au point de lui avoir confié ses secrets et ce qu'elle comptait faire de sa fortune avant de s’en aller, elle entendit de nouveau la voix de son père, impérative et suppliante à la fois, ce qui l’irrita au plus haut point.

    Mère ! Répondez-moi ! Il y a beaucoup à faire dans ce genre de demeure et je n'ai pas les fonds nécessaires. Mère, je vous en supplie ! Avant de vous en aller, consentez à m'aider financièrement afin que je puisse, à mon tour, entretenir le château de nos ancêtres ! Ces bijoux ne vous servent plus à rien à présent. Ma mère, m’entendez-vous ? Mère ! Je vous en prie ! Je vous en supplie ! Ne pouvez-vous me dire un mot avant de vous en aller ?

    Ne pouvait-il pas la laisser en paix ?! La curiosité étant la plus forte, elle se devait de rester jusqu’à la fin. Ses insistances la mettait très mal à l’aise. Mais rien ne semblait émouvoir la mourante. La jeune comtesse ne perdait rien de la scène dont elle était témoin. Elle entendait distinctement la voix haletante de son père qui suppliait, suppliait et suppliait encore en pressant sa mère de parler.

    Qu’elle ne fut pas sa stupéfaction, lorsqu’elle comprit que son père insisterait jusqu’au dernier souffle de sa mère pour savoir où se trouvaient les bijoux. Elle n’en revenait pas de voir à quel point il insistait pour obtenir une réponse de sa mère à l’agonie. Son insistance était, pour Isabelle, si indélicate, qu’elle en était outrée. Elle dû se contenir pour ne pas dévoiler sa présence pendant que son père harcelait sa grand-mère :

    Mère ! Je vous en prie ! Je vous en supplie ! Ne pouvez-vous me dire un mot ?

    Soudainement, la main  d'Isabelle se crispa sur le battant de cette même petite porte. Là-bas, à l’extrémité de la chambre, apparaissait la souple silhouette de la d’Argenson vêtue de crêpe jaune pâle. Elle semblait glisser sur le vieux tapis d’Orient. Elle était défigurée par sa cupidité. Sa bouche était serrée, ses yeux chargés d’une âpre inquiétude durcissaient étrangement ses traits. 

    Rudolph se redressa, tournant sans s'en rendre compte le dos à sa fille qui ne quittait pas le lit de la mourante des yeux.  sa belle-mère, tout en avançant, demanda d’une voix pressante  :

    Vous n’avez pas réussi ?

    Non ! Je crois du reste qu’elle ne peut plus parler.

    Elle ne peut plus ? Allons donc, si elle le voulait !

    Jamais Isabelle ne devait oublier la haineuse fureur contenue dans cette voix. Dans son regard dirigé vers la mourante, pointait une haine trop longtemps contenue.

    Il ne nous reste plus qu’à espérer les trouver en commençant les fouilles dès maintenant ?

    Dès maintenant ?

    Il y avait une hésitation dans la voix de Rudolph.

    Non, Edith, mieux vaut attendre qu’elle...

    Pas du tout. On ne sait si ses domestiques ne pendraient pas les devants. Je sonne Angèle pour qu’elle nous remette les clefs.

     A cet instant, Isabelle, qui regardait sa grand-mère, vit ses paupières se lever l’espace d’une seconde, ses lèvres se fermer pour esquisser un étrange rictus dans une sorte d’affreux rire silencieux. La jeune comtesse laissa aller le battant de la petite porte le plus silencieusement possible et s’enfuit sans bruit, le cœur étreint par une profonde vision d’horreur.

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